Deuxième lettre

Tromm Dawi Samoht,

 

De retour à Ambre, je fus enchanté de croiser Diana dans les majestueux couloirs du château. Brûlant d'enthousiasme, je m'empressai de lui présenter Gruanairm. Après l'avoir prise en main pour évaluer son équilibre, elle sembla satisfaite de la conception et de l'esthétique de l'arme, un soulagement bienvenu.

Cependant, il était temps pour moi de passer la Marelle afin de purifier mon esprit de toute corruption. Plein de confiance, j'ai entrepris cette folle tentative : fusionner mon arme avec le pouvoir de la Marelle. Cependant, au fil des pas, cette confiance s'est évaporée pour laisser place à une insouciance malavisée. Il n'y avait plus de retour possible, et la réalité de la situation m'a frappé de plein fouet. La douleur était insoutenable, une souffrance indescriptible qui m'a fait frôler les portes de la mort elle-même. Mes forces m'ont trahi, et je me suis retrouvé au bord du gouffre, incapable de faire marche arrière, incapable de laisser tomber mon arme au risque de perdre la vie. C'est à ce moment critique que l'intervention salvatrice de Diana s'est manifestée, sur les derniers mètres du parcours. Sans elle, ma destinée aurait pu basculer irrémédiablement dans les abîmes. Le processus a été si éprouvant que j'ai perdu connaissance pendant plusieurs jours.

À mon réveil, Diana m'a convoqué. Une fois habillé, j'ai pris Gruanairm en main et j'ai ressenti sa puissance émaner d'elle. Mes sentiments étaient partagés entre la fierté de posséder une arme d'une telle ampleur et la honte d'avoir désobéi. Lorsque je suis arrivé dans la salle du trône, Diana s'est élancée vers moi et m'a serré dans ses bras, quelques larmes de joie coulant de ses yeux. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'apprécie autant, moi qui étais le petit nouveau dans la famille.

Cependant, lorsque Diana se recula, son visage de joie se transforma. Ses traits se durcirent, et une fureur brûlante éclata au fond de ses yeux. Ce fut la dernière chose que je vis avant de ressentir une forte douleur sur ma joue gauche. Je n'osai même pas relever le regard alors qu'elle m'incendia verbalement, me faisant bien comprendre que j'avais déshonoré la famille par ma sottise.

Après ces réprimandes, je pris congé de la reine, me retrouvant avec un mélange complexe de sentiments.

Cherchant conseil et réconfort, je me suis dirigé vers les appartements de Flora, ma marraine que je respecte profondément. Cependant, à ma grande surprise, j'ai trouvé dans les yeux de Florimel la même fureur que celle de Diana, mêlée à une déception et une honte palpable. Cette journée devenait un véritable cauchemar, et l'arme que je considérais comme un symbole de puissance devenait soudain un fardeau.

Au moment où je me dit ses dernier mot je me suis réveillé dans une ruelle. La lune brillait intensément, semblant plus proche que jamais. J'étais à Tir-na Nog'th, la cité céleste, une vision surréaliste suspendue dans les cieux d'Ambre. Ses tours étincelantes perçaient les cieux, se fondant dans une lumière argentée qui donnait l'impression que la réalité elle-même dansait au rythme de la lueur de la lune. La cité elfique se dressait devant moi, une manifestation tangible de la magie de la Marelle.

Alors que je m'engageais dans ses ruelles pavées, la lumière argentée de la lune caressait chaque pierre, créant des motifs d'ombres et de lumières qui semblaient suivre une danse invisible. Les bâtiments éthérés semblaient onduler, se transformant sous mes yeux en formes mouvantes et changeantes. C'était comme si chaque coin de cette cité renfermait une histoire ancienne, une sagesse cosmique gravée dans ses murs invisibles.

Une sensation de flottement m'envahissait, défiant les lois de la gravité terrestre. Les ombres dansaient autour de moi, accompagnées de murmures éthérés, créant une symphonie mystique qui imprégnait chaque recoin de Tir-na Nog'th. Les étoiles, étincelantes dans le ciel proche, semblaient être des joyaux divins, renforçant le caractère enchanteur de cet endroit.

Je me perdais dans les illusions de la ville, et la lune semblait accélérer vers l'horizon. Il fallait que je me dépêche de descendre avant que la gravité ne s'en charge. La fin de mon voyage fut plus tourmentée, courant à travers les ruelles de la ville pour trouver rapidement l'escalier.

Une fois arrivé en bas des marches, je repris mon souffle. Comment étais-je arrivé en haut de cette cité ? Je n'ai jamais été somnambule, alors on m'aurait donc envoûté ? Il fallait que j'en parle, je ne pouvais rester dans le flou sur une attaque de mon esprit en Ambre. Quand je suis rentré au château, le soleil allait bientôt se lever. Passant par les cuisines, je préparais le petit déjeuner. Flora était la seule à qui je pouvais parler de mon expérience sans risque. Je me suis rendu dans ses appartements avec mon plateau. Je savais qu'elle raffolait de ce genre d'attention.

Nous avons longuement échangé sur mon rêve et mon réveil dans la cité des songes. Nous en sommes arrivés à deux suspects, Fiona qui n'avait pas digéré mon choix de changer de marraine ou quelque chose de plus grave. Si ce n'était pas elle, il faudrait que j'en parle à la reine afin de combler cette faille de sécurité.

Je me suis donc rendu dans les appartements de Fiona à reculons, me souvenant comment elle avait anéanti le labyrinthe aux Abîmes lors du mariage de Laura et Hendrake. Quand je suis rentré, elle était en train de peindre sur son balcon. Je ressentais sa rancœur envers moi à chaque mot qu'elle prononçait. Elle semblait cependant se détendre en sachant que je me suis retrouvé à mes dépens à Tir-na Nog'th. Nous avons eu un échange plus cordial que je ne le pensais, mais elle n'était pas responsable de mon somnambulisme. Je devais donc parler à Diana. Mes craintes se faisaient de plus en plus grandes. Je ne voulais pas être la faille dans la famille d'Ambre.

Je franchis les portes de la salle du trône et me fis annoncer devant la reine. À l'instant où les portes s'ouvrirent, des fragments de mon rêve se confondirent avec la réalité. Dans cet état de confusion, je ne pouvais dissimuler quoi que ce soit. Je lui narrai donc l'ensemble de mon expérience, depuis mon rêve jusqu'à mes doutes envers Fiona. Je perçus dans ses yeux une lueur de la même fureur que j'avais ressentie en songe lorsque je lui relatais mon récit. Elle aurait probablement réagi de la même manière. Une fois mon exposé terminé, elle parut étonnamment sereine. Elle m'informa qu'elle connaissait l'auteur de l'enchantement et que je n'avais pas à m'inquiéter. Cependant, elle me mit en garde contre le fait de partager cette histoire avec quiconque.

Le mystère persistait, mais des pistes commençaient à se dessiner. Nebu et Aleksander m'avaient évoqué l'existence d'un certain Oberon, le créateur de la Marelle dans leur propre ligne temporelle. Serait-il possible que ce personnage soit également présent dans la réalité actuelle, peut-être retranché à Tir-na Nog'th ? S'il était là, il pourrait surveiller la famille d'Ambre à distance. Cependant, cela soulève des questions. Diana devrait être au courant de sa présence. Pourquoi un tel secret serait-il préservé ? Il me faudra mener une enquête approfondie à la prochaine occasion où je mettrai les pieds dans cette cité céleste.Haut du formulaire

Je te souhaite des rêves plus apaisants,

À bientôt, mon ami.

Ungrim

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