Reponse de Samoht
À mon roi, Ungrim Poing de fer, seigneur de Karak Kadrim.
Mon ami...
Sans doute aurais-je du vous répondre plus tôt. Ce que vous avez eu à traverser aurait ébranlé le meilleur d'entre nous, et vous l'avez fait avec la vaillance et la pugnacité qui vous caractérisent. Si j'ai un jour eu le privilège d'être un mentor pour vous, alors permettez-moi d'écrire quelle est ma fierté face à vos actes. Vous n'avez jamais abandonné ou renié votre peuple, et c'était là, mon roi, vôtre plus important devoir. Alors que vous affrontiez des forces qui feraient pâlir de frayeur un Grand Immonde, vous êtes resté tel le roc dont vôtre royaume avait besoin, défendant ses intérêts et sa souveraineté contre des puissances qui, manifestement, nous dépasse.
C'est pourquoi je regrette aujourd'hui de ne pas vous avoir répondu plus tôt. Non que je n'en ai pas éprouvé l'envie, comme vous vous en doutez, mais je me suis imposé de vous laissez régler cette tâche sans mon influence, car je sais quel importance mon jugement revêt à vos yeux. Soyez donc assuré que mon silence était dicté par le respect et l'affection que je vous porte, même si je me demande aujourd'hui si c'était bien la chose à faire...
Mais il suffit. Assez parlé de mon embarras, la tempête qui vous assaille lui est infiniment supérieure.
Commençons par vos visiteurs. Je n'ai nul besoin de vous dire que se fier davantage à ce Bleys qu'au Dominus Rex serait pêcher par excès de confiance. Vous ignorez encore leurs motivations et leurs véritable objectifs, mais la situation vous sert. Ils sont manifestement ennemis, du moins rivaux, chacun cherchant à vous séduire. Si j'ai ici un conseil, mon roi, ce serait de les laisser venir. Qu'ils vous courtisent, se fendent de promesses et de cadeaux, celà ne peut que vous donnez une chance d'en apprendre davantage sur eux. Surtout, ne leur promettez rien et répondez le moins possible, comme vous avez habilement commencé à le faire. Ce conseil est assez superflu car je lis dans vos lignes que vous ne m'avez pas attendu pour le mettre en œuvre, mais gardez toutefois à l'esprit que le plus antipathique des deux n'est pas forcément le plus dangereux.
Ce Bleys connaît notre culture, nos lois, et notre histoire. Une seule question, mon roi, si vous me le permettez : comment ?
Le sujet qu'il me faut à présent aborder me fait l'effet d'une pierre dans mon cœur.
Garagrim est votre petit, vôtre fils, aucune force ne peut le changer. Vous l'aimez et il vous aime, et le sang n'est pas tout. Il est votre bras, porte votre éducation, les principes que vous lui avez enseignés. Vous me demandez si vous êtes fou de penser être son père... mais pourtant vous l'êtes, indépendamment de cette révélation abjecte dans ses implications ! La seule chose qui ait changé, c'est son possible géniteur, et qui que soit cet homme, celà ne fait pas de lui le père de Garagrim.
Mais pour avoir côtoyé vôtre splendide et aimante épouse, nôtre bien aimée Reine Alrika, je ne peux me résoudre à l'imaginer vous tromper. Hélas, si j'ai raison sur ce point, les autres explications à envisager seraient... terribles. Je sais que vôtre coeur vient de subir un coup des plus rudes, mon Roi, et il ne m'appartient pas de vous conseiller sur un sujet aussi intime, mais considérez un bref instant qu'il y a peut-être plus d'une victime dans cette tragédie. Le Seigneur des Enfers ne vous a donné qu'un seul élément de vérité, et comme je vous l'ai appris, c'est généralement trop peu pour saisir la toile dans son ensemble.
Concernant l'honneur et les exigences de nos coutumes, vous êtes en position de les subir ou de les ignorer. C'est, en dépit de la gravité de la situation, un privilège dont vous pouvez user comme bon vous semble. Pour l'heure, vous êtes le Roi et il est vôtre fils ainsi que vôtre héritier. Et il n'y a que 4 personnes qui connaissent la vérité, car s'il en était davantage, vôtre déshonneur serait déjà public. Vous, moi, vôtre épouse et l'infâme porc qui lui fit porter Garagrim.
Puisque vous avez choisi de taire ce secret, peut-être vous devez vous à vous même de retrouver la racine de cet affront, et de rayer cette rancune à l'aide de son sang. Vôtre douce Alrika ne parlera jamais, elle vous l'a prouvé en vous taisant cette affaire tout ce temps. Et vous savez déjà que j'emporterai cette révélation dans la tombe de mes ancêtres. Mais le coupable de cet affront innommable, s'il respire encore, est aujourd'hui une menace pour vous, pour Alrika, et pour Garagrim. Jamais je ne me permettrais, mon Roi, de vous dire quoi faire. Mais la confiance dont vous m'honorez m'oblige à vous mettre en garde, et vous rappeler qu'au delà du tumulte qui ravage votre âme, vous n'êtes pas à l'abris d'une langue qui se délierait sur le tard.
Pour l'heure, terminez votre campagne pour expurger le mal ancestral des terres du Nord, et ne pensez à rien d'autre. Lorsque la victoire sera vôtre et que la Bugman coulera à flots, remémorez-vous ma mise en garde, et choisissez ce qu'il conviendra de faire. Les années m'ont appris à avoir foi en votre jugement, aussi sais-je déjà que vôtre décision sera sage.
Vôtre ami et bien dévoué,
Samoht.
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