Cinquième lettre

 

Tromm Dawi Samoth,

 

Je me rendis dans la Forêt d'Ardène, une contrée empreinte de mystères et de dangers, à la recherche de Julian. Lui seul pouvait m’escorter auprès de Job à travers les chemins sinueux de la forêt.

 

Le chemin qui menait à son domaine était un défi en soi. Les arbres séculaires semblaient murmurer des secrets ancestraux, et l'ombre dense ajoutait à l'aura mystique du lieu. Soudain, une Manticore surgit des replis de la forêt, une créature monstrueuse aux ailes déployées et aux crocs acérés.
Ses yeux, luisant d'une lueur sauvage et féroce, semblaient être les fenêtres de son âme prédatrice. Un regard perçant, presque hypnotique, témoignait de son instinct de chasseur. Ses yeux étaient encadrés par une crinière hirsute qui s'étendait le long de son cou musclé, sa gueule puissante, bordée de crocs acérés prêts à déchirer. Les muscles de son corps imposant se tendaient à chaque mouvement, révélant la force brute qui se cachait derrière sa silhouette gracieuse. Ses ailes majestueuses déployées, prêtes à la fois à l'attaque et à la fuite, ajoutaient une dimension impressionnante à sa présence.


La Manticore, grondante et menaçante, déploya ses ailes majestueuses, ses yeux brillant d'une lueur sauvage. J'ai brandi Gruanairm, déterminé à faire face à cette créature avec toute la force que je pouvais rassembler. La Manticore fondit sur moi, ses griffes acérées et ses crocs prêts à déchirer. Le bruit des lames croisées avec les griffes de la Manticore résonnait à travers la forêt. Esquivant agilement les attaques de la créature, je ripostais avec précision, chaque coup porté avec une force bestiale. Les arbres séculaires semblaient être des témoins silencieux de cette lutte intense entre l'homme et la bête. Le combat fut féroce, chaque mouvement chargé d'une urgence palpable. Les griffes redoutables et la queue venimeuse de la Manticore étaient une menace constante, et la forêt elle-même semblait être complice de son attaque.

 

Alors que je luttais pour me défaire de mon adversaire, un sifflement puissant retentit, et la Manticore s'effondra. Julian était apparu, son arc bandé, prêt à décocher une flèche mortelle. D'un tir précis, il abattit la créature d'un seul coup, sa flèche trouvant sa cible avec une précision redoutable. Son arc, un prolongement de sa volonté, et son habileté au tir étaient remarquables. La Manticore git, vaincue, son ombre disparaissant dans les méandres de la forêt.

Il accepta de me conduire auprès de Job. Nous poursuivîmes notre route, guidés par les murmures secrets de la forêt, jusqu'à ce que nous l’atteignions. Assis au centre d’une clairière près d’une cascade, Job émanait une sagesse ancienne. Son pelage est d'un noir bleuté, une teinte mystique qui semble capter la lueur du soleil, ses yeux reflétaient la connaissance des âges, et son regard perçant semblait sonder les mystères du Tissu. Notre conversation avec Job fut éclairante, bien que tissée de symboles et d'énigmes. Il me remercia de mon inquiétude pour sa sécurité. Il semblerait qu’il ait un projet en tête, peut-être une résurrection du pôle du Plan. Après avoir discuté un long moment, je suis rentré au château.

 

Arrivé au château, j'ai partagé un dîner avec Flora. Les échos de la forêt résonnaient encore dans mes pensées alors que nous dégustions nos mets. Par la suite, nous sommes allés sur le balcon pour savourer un digestif accompagné d’une cigarette. La nuit étoilée s'étendait devant nous, et l'animation du port d'Ambre créait une toile de fond vivante. Les lumières scintillantes des bateaux dansaient sur les vagues, tandis que le doux murmure de l'activité portuaire parvenait jusqu'à nous. C'était une scène familière, mais chaque nuit apportait son lot d'observations nouvelles. Tir-na Nog'th, suspendue dans le ciel étoilé, ajoutait une dimension mystique à l'ensemble. Ses tours brillaient comme des éclats de diamant dans l'obscurité, révélant la magie et la clairvoyance de cette cité suspendue.

Dans cet instant de tranquillité, j'ai pris congé de ma marraine, et mes pas m'ont guidé vers l’éclat du Kolvir menant à Tir-na Nog'th. L'appel de la cité dans le ciel était irrésistible, et je me suis engagé sur le chemin menant à cette manifestation singulière du pouvoir d'Ambre.

Les marches du Kolvir se déployaient devant moi, un chemin mystique menant vers les hauteurs de la cité qui défiait la gravité. J'ai entrepris l'ascension, mes pensées se mêlant à la magie qui imprégnait chaque pierre du Kolvir. Les tours de Tir-na Nog'th se dressaient comme des sentinelles dans la nuit, et je me préparais à découvrir ce que la clairvoyance de la cité me révélerait cette fois.

Chaque pas que je faisais était comme une plongée dans un rêve éveillé, où le temps suivait ses propres règles. Je sentais l'énergie de la Marelle, palpitante et puissante, insufflant une vie mystique à cette cité céleste. Je la sentais elle m’attirait à elle.

Dans le tumulte des visions, je me sentais guidé à travers les dédales du château, des scènes éthérées s'imposant sporadiquement dans mon esprit. Cependant, le moment où mes pas m'ont conduit dans la salle de la Marelle de Tir-na Nog'th a marqué le début d'une immersion totale dans les rêves.

Les échos lointains de la guerre résonnaient, une symphonie chaotique de bataille. Comme un spectre, je me déplaçais au-dessus des cadavres, les bruits de la bataille se mêlant à mes pas fantomatiques. Soudain, un cri déchirant me tira de ma contemplation silencieuse, ce cri, je le connaissais bien, c’était le mien. Un hurlement empreint de colère noire, un appel aux armes. Je me retrouvai au milieu de mes troupes, l'élite des Brise-fer, des boucliers étincelants et des haches luisantes, marchant d'un pas déterminé vers le château d'Ambre. C’était une symphonie chaotique de métal contre métal, de cris et de hurlements. L'atmosphère était lourde de tension, chaque instant chargé d'une énergie brutale.

 

Une rage primitive s'empara de moi, alimentée par les échos lointains de la guerre. Mon corps était en harmonie avec la fureur qui régnait autour de moi. Les gardes du château, fidèles protecteurs d'Ambre, étaient autant d'obstacles sur mon chemin vers la victoire. Mon avancée était implacable, chaque mouvement dicté par une détermination sans faille.

Au cœur de la mêlée, je me trouvai face à Diana, une adversaire à la hauteur de ma furie. Son bouclier défendait avec une grâce imposante, et son épée répondait à chacun de mes coups avec une précision mortelle. Les échanges étaient rapides, la danse mortelle d'une bataille où chaque mouvement avait des conséquences irrévocables. Dans ce combat frénétique, une puissance bestiale semblait animer chaque coup. Mes mouvements étaient fluides, dictés par l'instinct primaire de survie et de conquête. Chaque esquive était un ballet mortel, chaque attaque une démonstration de force. La fureur de la bataille se lisait dans mes yeux, reflétant la sauvagerie du combat. Finalement, la victoire fut mienne. D'un coup puissant, j'abattis Diana, mettant fin à notre duel. Son épée tomba, impuissante, et sa tête roula sur le sol. Dans un geste triomphant, j'exhibai sa tête, une déclaration de ma suprématie dans ce rêve éveillé de bataille. Son bouclier, symbole de sa défense inébranlable, fut arraché et attaché à mon bras comme un trophée glorieux, une marque de ma victoire indiscutable.

 

C'était une vision brutale et intense, façonnée par la magie de Tir-na Nog'th, mais dont l'impact résonnait bien au-delà des rêves. Les échos de la bataille se dissipèrent alors que la vision prenait fin, me laissant dans la salle de la Marelle, encore imprégné de l'adrénaline et de l’horreur de cette confrontation onirique.

Apres quelque instant à reprendre mes esprits je vie un homme, ses yeux, perçants et énigmatiques, semblent refléter la sagesse millénaire d'un être magique. Encadrés par des sourcils fins, ils captent la lumière d'une manière qui suggère une connexion avec des royaumes enchantés. Ses cheveux de d'un brun profond, retombent de manière fluide et élégante autour de son visage, ajoutant une touche de mystère à son allure royale. Obérons se tenais devant moi et il semblait veiller sur moi ainsi que sur toute la famille d’Ambre. Il est le gardien des secrets de Diana, qui est notamment sa mère. C’est tout l’arbre généalogique qui se bouscule dans ma tête, Oberon est en fait mon grand-père et Diana mon arrière-grand-mère.

Nous avons longuement discuté. Oberon semblait connaître toutes les réponses, et cette sensation de pouvoir demander tout ce que l’on souhaite m'a complètement paralysé. Puis, sur un coup de tête, je lui ai demandé comment accéder à la Marelle primordiale afin de peut-être retrouver l’aiguille de la Marelle. Sa réponse fut énigmatique, malheureusement, avant de pouvoir comprendre, il fallait que je rentre au château d’Ambre avant que la lune ne se couche et que la cité de Tir-na Nog'th ne s’évapore.

Je t'écris ceci en hâte, cherchant à retenir les visions qui s'estompent déjà. J'espère que tu recevras cette lettre avant que les secrets de Tir-na Nog'th ne se dissipent avec la nuit.

 

Ungrim

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